Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/74

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nuës, au milieu des bonnes villes ne nous en dérobent point la veue ; de façon que nous pouuons faire nos prieres en toute liberté deuant ce bel Oratoire, que ſainct François Xauier aymoit mieux qu’aucun autre. Que s’il eſt queſtion des vertus au fonds, ie me glorifieray, non pas en moy, mais au partage qui m’eſt eſcheu, ou s’il faut le recognoiſtre humblement au coſté de la Croix, que noſtre Seigneur de ſa grace nous donne à porter apres ſoy ; il eſt certain que ce Pays, ou l’employ que nous y auons, eſt beaucoup plus propre à engraiſſer vne ame des fruicts du Ciel, que de ceux de la terre. Ie ne ſçay ſi ie me trompe, ſi eſt-ce que ie me repreſente, qu’il y a beau moyẽ d’y croiſtre en la Foy, en l’Eſperance, & en la Charité. Y ietterions-nous la ſemence de la Foy ſans en profiter pour nous ? Seroit-il poſſible que nous miſſions noſtre confiance hors de Dieu en vne Region, ou du coſté des hommes toutes choſes nous manquent ? Pourrions-nous ſouhaitter vne plus belle occaſion d’exercer la Charité, que dans les aſpretez & mef-aiſes d’vn monde nouueau, que pas vn art ny induſtrie humaine n’a encore pourueu d’aucune commodité ? & d’y viure pour ramener à Dieu des hommes ſi