Page:Brébeuf - Relation de ce qui s’est passé dans le pays des Hurons en l’année 1636.djvu/80

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-t’on quand ils ſiflent, ou qu’ils parlent bas. Comme ils n’ont preſque ny vertu, ny Religion, ny ſcience aucune, ou police, auſſi n’ont-ils aucuns mots ſimples propres à ſignifier tout ce qui en eſt. De la eſt que nous demeurõs courts à leur expliquer pluſieurs belles choſes tirées de ces cognoiſſances. Les mots compoſez leur ſont plus en vſage, & ont la meſme force que l’adiectif & ſubſtantif ioints enſemble parmy nous. Andatarafé, pain frais Achtetſi, vn pied long. La varieté de ces noms compoſez eſt tres-grande, & c’eſt la clef du ſecret de leur Langue. Ils ont diuerſité de genres comme nous, de nombre comme les Grecs. De plus vne certaine declinaiſon relatiue qui enueloppe touſiours auec foy le pronom poſſeſſif, meus, tuus, ſuus, par exemple, Latacan, mon frere, aiatacan, mes freres, ſatacan, ton frere, tſatacan, tes freres, otacan, ſon frere, atotacan, ſes freres.

Pour les cas ils les ont tous, ou les ſuppléent par des particules fort propres.

La merueille eſt que tous leurs noms vniuerſellement ſe coniuguent ; par exemple, Aſſé, il eſt frais, aſſé chen, il eſtoit frais, gaon, vieux, agaon, il eſt vieux, agaonc, il eſtoit vieux, agaonha, il va deuenir vieux ; & ainſi