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LE SECRET

laissées tomber dans le vivier, et avait causé à leur sujet toute espèce de tracas du jour où elle était entrée dans sa treizième année, et s’était, en conséquence de tout cela, illusionnée au point de se croire sincèrement, pendant tout cet espace de temps, l’ordonnatrice de la maison.

Mais aujourd’hui, le règne de miss Alicia était passé, et lorsqu’elle demandait la moindre chose à la gouvernante, celle-ci lui répondait qu’elle en parlerait à milady, qu’elle consulterait milady, et que, si milady le voulait, elle le lui donnerait volontiers. Aussi, la fille du baronnet, qui montait parfaitement à cheval et avait un joli talent de peintre, passait-elle la plus grande partie de ses journées hors de la maison, chevauchant dans les sentiers verts bordés de haies, faisant des croquis des enfants des chaumières, des garçons de charrue, des troupeaux, et de tout être vivant qui se trouvait sur son passage. Elle se refusa avec une détermination obstinée à se lier intimement avec la jeune femme du baronnet ; et, tout aimable qu’était celle-ci, il lui fut complètement impossible de surmonter les préventions et l’éloignement d’Alicia, ou de convaincre la jeune fille dépouillée de ses privilèges qu’elle ne lui avait pas fait un tort cruel en épousant sir Michaël Audley.

Lady Audley, à la vérité, en devenant la femme de sir Michaël, avait fait un de ces mariages de nature à attirer sur une femme l’envie et la haine de toutes les autres femmes. Elle était venue dans le pays en qualité d’institutrice dans la famille d’un chirurgien qui vivait dans un village voisin du château d’Audley. On ne savait sur elle qu’une chose, c’est qu’elle avait répondu à un avis inséré dans le journal le Times par M. Dawson, le chirurgien, et qu’elle avait renvoyé, pour les renseignements, à la directrice d’une institution de Brompton où elle avait été précédemment sous-maî-