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Page:Braddon - Le Secret de lady Audley t2.djvu/40

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LE SECRET

« Ma chère Tonks, lui dit mistress Vincent, monsieur est un parent de miss Graham. Vous souvient-il à quelle époque elle est arrivée à Crescent Villas ?

— Elle vint au mois d’août 1854. Je crois que c’était le 18, sans affirmer toutefois que ce ne fût pas le 17, je crois pourtant que c’était un mardi.

— Merci, Tonks ; vous êtes bien précieuse, » s’écria mistress Vincent avec un de ses plus ravissants sourires.

C’était peut-être parce que les services de miss Tonks étaient si précieux, qu’elle n’avait pas reçu d’appointements depuis trois ou quatre ans. Mistress Vincent avait sans doute hésité à donner un maigre salaire à une institutrice si utile.

« Y a-t-il encore quelque chose que Tonks ou moi puissions vous dire, monsieur Audley, reprit la maîtresse de pension.

— Savez-vous d’où venait miss Graham quand elle entra chez vous ?

— Pas précisément. Je me souviens vaguement d’avoir entendu miss Graham parler du bord de la mer sans désigner l’endroit. Tonks, miss Graham ne vous aurait-elle pas dit d’où elle venait ?

— Oh ! non, répondit Tonks secouant la tête avec une grimace significative. Miss Graham ne m’a rien avoué ; elle était bien trop rusée pour cela. Elle savait garder ses secrets malgré son air d’innocence et ses cheveux bouclés, ajouta miss Tonks avec mépris.

— Vous croyez donc qu’elle avait des secrets ? demanda vivement Robert.

— Oui, elle en avait, et de toutes sortes. Ce n’est pas moi qui l’aurais reçue comme institutrice sans un seul mot de recommandation de qui que ce fût.

— Vous n’avez donc eu aucun renseignement sur miss Graham ? dit Robert à mistress Vincent.

— Aucun, répondit celle-ci avec quelque embarras.