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adolphe brassard

cours, et est-il ventriloque ? L’autre jour, il a fait courir trois troupiers dans un tas de paille où sûrement une poule venait de pondre. Sincèrement, nous ne le donnerions pas pour cinq honnêtes livres de saucisson et un pâté de foie gras, et nous préférons garder nos poux que de le perdre. Ceux qui savent encore prier demandent au Seigneur de nous le conserver in aeternum.

***

On dit que les combats cessent, mais que la bataille jamais ne s’arrête. Jours et nuits, sans répit, la grande Faucheuse, dans des soubresauts désordonnés, abat à droite, à gauche, jamais assouvie. Les énormes trouées que fait la mort, la vie les remplit, et toujours va la Faucheuse.

En éclatant, la guerre enfante un monstre : c’est son esprit. Il englobe toutes les horreurs, s’en nourrit et pèse sur la terre. Nous sentons sa présence. Il nous pénètre. C’est lui qui fait cou-