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les mémoires d’un soldat inconnu

et au visage. Je suis ligoté sur ma couche, et je ne meurs pas. Où le corps puise-t-il sa force de résistance ?

***

L’empoisonnement du sang est enrayé et je vaincs le mal avec des avances et des reculs. Des mains douces me soignent, et une voix compatissante m’encourage ; mais je demeure étranger à ces attentions : toutes mes facultés avec mon système entier sont mobilisés et ne tendent qu’à bouter la souffrance hors de mon être. Et voilà qu’enfin, après des heures et des jours et des nuits, elle cède, diminue, s’effiloche, vacille un moment, et, soudain, s’éteint comme la flamme d’une chandelle que l’on souffle. J’éprouve un bien-être de printemps, et je m’endors avec des petits grognements gloutons. Je dors longtemps, longtemps, en ouvrant les yeux, parfois, pour ramasser mon bien-être et m’y replonger avec volupté. Je dors. Le sommeil