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les mémoires d’un soldat inconnu
Je garde le silence.
— On vous appelle le patient au calepin.
— Qu’on continue, ce nom en vaut un autre. Ça n’a pas d’importance.
— N’auriez-vous pas quelqu’un à qui vous aimeriez donner de vos nouvelles ?
— Non.
— Des parents ? Des amis ?
— Personne.
Elle passe une main caressante sur mon front et l’arrête sur mes yeux. Je m’en saisis, y enfouis mon visage, et je pleure, je pleure, ma lamentable erreur, ma jeunesse finie. Et avec un baiser dans la paume, je repousse la main.
— Vous n’avez besoin de rien ?
— Non, je vous remercie.
Je la regarde intensément, et je répète :
— Je vous remercie.
Elle s’éloigne, un peu courbée.