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les mémoires d’un soldat inconnu

Je vois bouillir mon poilu, et ça me soulage. Je continue avec emphase :

— Et au Canada, qu’accordez-vous ?

Il bondit.

— Vous vous battiez pour $1.10 par jour. Tant donné, tant payé. Montre tes reçus à ton gouvernement : on te donne quittance.

— Mais, à toute quittance, il faut le sceau officiel.

Il m’applique son poing en pleine figure. Le coup réussit à peine à m’ébranler la tête tant j’ai le cou solide.

— Les conditions d’une quittance se discutent, dis-je en l’envoyant rouler sur ses camarades d’une gauche à la mâchoire.

Une bataille en règle s’ensuit que viennent calmer des officiers. Et pour finir d’apaiser les esprits on fait circuler l’alcool, et les rasades rétablissent la concorde.

Pour le troupier, une cruche d’eau-de-vie est un objectif qu’il atteindrait au prix de sa peau : il lui en faut. Ça