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les mémoires d’un soldat inconnu

cherchent le refuge de mes poches, mes coudes se serrent à mes côtés, j’engonce mon casque et mon menton s’enfonce dans mon collet. Je claque des dents. Ah ! en finir au plus vite, être tué raide, et avoir la joie, avant de tomber, de comprendre que l’éclair qui me frappe signifie enfin le repos !

— Il y a plus d’un moyen.

Je viens de penser tout haut. Mon compagnon a un gros rire.

— Sûrement qu’il y a plus d’un moyen, dit-il : tu n’as qu’à te sortir la tête du parapet. Ça prend une seconde. Ne claque pas des dents pour ça. Alors, tu es décidé à ce que ça finisse ?

— N’importe comment.

— Tu as tout ce qu’il faut pour devenir un héros. Tu monterais seul à l’assaut d’un bastion, et foncerais sans aide sur un nid de mitrailleuses.

— Sans hésitation. Mais ce ne serait ni la bravoure, ni le mépris de la mort qui me feraient agir ainsi, c’est un désir de délivrance. J’irais avec joie de-