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adolphe brassard

vant un fusil et, avec plus de joie encore, devant vingt, assuré d’y trouver davantage le remède dont j’enrage.

— Tu passerais pour crâne et magnifique. Ça te vaudrait une citation à l’ordre du jour et, vraisemblablement, une décoration ante mortem. Mais écoute, mon vieux, on parle de paix prochaine, l’heure n’est pas aux sottises. Plus que jamais, il faut se garer et survivre.

— Survivre, heu ! et pourquoi ?

— Cette demande ! Mais pour jouir de tout ce qui nous a fait défaut durant ces années maudites : les vins, la musique, les amours. Oh ! je te vois rétorquer : au front on a tout ça. Mais c’est la quantité sans qualité : le vin est aigre, et le reste, c’est du bon marché. Nous nous rattraperons. Allons, tu n’as pas trente ans. Ne laisse pas à un barbon, qui frise la cinquantaine, le soin de te donner une leçon. Du cran, hein ?