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les mémoires d’un soldat inconnu

tient les cieux. C’est un moment jamais vécu, parce que jamais provoqué, qui touche l’univers. La joie est à son zénith, mais elle est au-dessous des souffrances dont les proportions resteront immesurables.

La guerre est finie depuis cinq minutes. L’éclosion spontanée d’une vie ne nous semblerait pas plus merveilleuse.

La guerre est finie, et pour m’en convaincre, pour m’habituer à l’incroyable chose, j’entraîne mon jeune compagnon à l’écart sur un monticule boisé.

— Et je retourne à la maison ! Maman !

— Oui, petit, tu retournes à ta maman.

— Je l’embrasserai !

— Oui, tu l’embrasseras.

— Nous sommes victorieux ?

— Oui, victorieux.

— La France a triomphé !

— Oui, elle est vainqueur.