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adolphe brassard

gards plus haut que cette terre de misère !

Et toi, bel adolescent, dernière tige vigoureuse de l’admirable moisson sauvagement fauchée, repose en paix ! Tantôt, ramassant mes forces, défaillantes, je t’ai dressé à la face du monde ; tu resteras l’évocation tragique de ces années de meurtres. On ne pourra t’oublier. Encavé dans les esprits et les cœurs, tu aideras à les rendre meilleurs, plus chrétiens. Que la terre te soit légère ! Ton sacrifice ne sera pas inutile. Par l’innocence de ton âme et la pureté de ton cœur, tu es si près de ton Dieu, et pour cela, Dieu se penchera sur ces misérables créatures, et elles écouteront les lois divines de la charité et du pardon. La paix promise aux hommes de bonne volonté refleurira sur la terre dévastée, et la fraternité, en se rétablissant entre les races, fera reluire un vivifiant soleil aux horizons apaisés.

Ces dernières paroles ne sont pas étayées sur la conviction, mais je les dis