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Gilberte regarda s’éloigner celui qui, elle le sentait dans la joie de son cœur, l’avait prise en entier.

Qui était-il cet homme, plutôt grand et de belle tournure ? Sa profession lui importait peu. Cette figure franche et loyale appartenait à une âme d’élite, et cela suffisait.

Elle entra au logis, légère de bonheur. Que lui faisaient maintenant les duretés de son oncle ; elle n’aura pas à les supporter longtemps. Étienne Bordier reviendra, et pour la chercher, tout son être le lui criait.

Elle reprit sa tâche. Tout lui semblait facile. Elle redoublait d’attention pour son oncle ; elle éprouvait le besoin de se dépenser.

Le vieux Joachim, en voyant sa nièce si joyeusement active, ne chercha pas à savoir ce qui l’animait ainsi. Il vit dans cette nouvelle ardeur le désir de la jeune fille à le bien servir, et il en grognait d’aise.

— Hé, hé, la Louise a eu la main heureuse. La petite est docile à mes ordres. D’ailleurs, je voudrais bien voir qui me résisterait. Hé ! ce ne sera toujours pas cette fillette…

Et béatement il se plongea dans sa quiétude, sans se douter qu’il entrerait bientôt dans une lutte où deux grandes forces allaient se mesurer : l’Égoïsme et l’Amour.