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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

a passé la soirée avec moi et Benzon, et nous a régalés de quelques morceaux tirés de sa doctrine. Toutes les personnes blondes et aux yeux bleus font partie de la nature lumineuse, du royaume de la lumière et de la beauté (je crois que Lowel est pour Alcott l’idéal d’un fils de la lumière) ; tous ceux qui ont les yeux et les cheveux foncés proviennent de la nuit et du mal. Je citai « Wilberforce » et plusieurs combattants de la lumière, qui avaient une tête foncée. Mais le bon Alcott n’écoute pas les objections, sa « conversation » se borne donc à vouloir parler et juger seul. Nous prîmes du thé, et je m’efforçai de persuader à Alcott de boire au moins un verre de lait. C’était une nourriture par trop animale ; il n’accepta qu’un verre d’eau et un morceau de pain. Voilà un transcendentaliste qui vit conformément à sa doctrine.

J’ai accepté quelques invitations pour cette semaine. Dimanche, je dînerai avec Laura Bridgeman, et son second créateur, le docteur How, qui est chargé de l’administration des sourds et muets de Boston. Son aimable femme est venue m’inviter.

Le 9 janvier.

J’achève ma lettre ; Benzon va partir. Il me manquera, car il a été aimable et amical pour moi au delà de toute expression. Par suite des mesures qu’il a prises, il est impossible que je me trouve nulle part mieux ni plus commodément que chez lui. Aujourd’hui, je dîne et passe la soirée dehors. Demain aussi, mais je visiterai dans la matinée plusieurs établissements publics avec Charles Sumner (le jeune légiste géant). Je recommence à rouler ; si seulement je pouvais le faire avec mesure ; c’est difficile dans ce pays.