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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

vent. Je m’en suis presque réjouie dans l’espoir de rester en paix ; mais il m’a été impossible de refuser deux visites, dont l’une venait m’inviter à une soirée, et l’autre demandait à faire mon portrait. Toutes deux n’ont emporté qu’un refus.

Je reçois à l’instant le plus joli bouquet envoyé par une jeune amie ; — c’est une foule de petites et charmantes fleurs réunies dans le calice d’une blanche calla ethiopica. Il ne se passe guère de jours où je ne reçoive des bouquets envoyés par des connaissances ou des inconnus. C’est fort aimable. Je ne leur dis pas non, et suis reconnaissante des fleurs et de la bonne intention.

Et maintenant je termine cette longue épître par un cordial à Dieu pour ma chère Agathe.

LETTRE X


Boston, 1er février.

Bien des remercîments pour ta lettre du 15 décembre ; j’éprouve un plaisir infini à lire, à voir en esprit ce qui se passe à la maison. N’épargne pas les détails.

Mes forces augmentent sensiblement. Lorsque je me sens bien portante, mon âme est intrépide, et il me vient des pensées qui me rendent heureuse ; j’ai de la joie à me trouver sur la terre des pèlerins, de « nos pères les pèlerins, » comme on dit ici, la première où ils ont pris pied et fondé le foyer de la liberté religieuse et civile. De cette petite bande est sortie la civilisation d’une partie du monde.

Ce fut en décembre 1620 qu’un petit navire, la Fleur-de-