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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

cela suffit. » On leur donna donc à choisir entre leur rentrée dans l’Église ou la prison et la mort, ce qui fortifia leur opposition.

« Car, dit avec vérité Thomas Carlyle (du reste assez sévère dans sa critique de l’espèce humaine), on fait tort à l’homme en supposant qu’il n’est poussé aux grandes actions que par l’intérêt, le gain et les jouissances terrestres. Non ; ce qui l’excite aux grandes entreprises et produit de grandes choses, c’est la perspective de la lutte, de la persécution, de la souffrance, du martyre, pour la cause de la vérité. »

Des hommes et des femmes, sortis des villages et des petites villes des provinces septentrionales de l’Angleterre, se réunirent et formèrent une bande peu nombreuse, décidée à tout risquer pour avoir la faculté de vivre conformément à la pureté de sa foi. C’étaient des gens de peu, la plupart ouvriers et cultivateurs, vivant du travail grossier de leurs mains et aux conditions les plus dures de la vie. La Hollande leur offrit alors, comme à tous les combattants opprimés de la vérité, un lieu de refuge. La petite bande des puritains résolut donc de fuir dans ce pays, et y parvint en courant de grands dangers : elle se fixa à Leyden. Mais les puritains s’y déplurent, et comprirent qu’ils ne pouvaient pas rester là, qu’ils étaient, sur la terre, des pèlerins en recherche d’une patrie. Au milieu de leur lutte pour subvenir aux besoins journaliers de la vie, la croyance leur vint qu’ils étaient appelés, en faveur de l’humanité, à une œuvre plus haute que leur position présente ne paraissait l’indiquer. « Ils se sentaient émus par le zèle et l’espoir de propager l’Évangile et d’annoncer le royaume du Christ dans les contrées lointaines du Nouveau-Monde, alors même qu’ils serviraient seulement