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LA VIE DE FAMILLE

de respect, et de l’amour le plus intime. Ici demeurait Ellery Channing. »

Quant à mes amis particuliers, je ne m’informe pas le moins du monde de quelle secte ils sont, trinitaires, unitaires, calvinistes, méthodistes, etc., etc., pourvu qu’ils soient dignes et aimables. Il y a beaucoup de gens ici qui, sans appartenir à une Église, vont volontiers dans n’importe laquelle quand il y a un bon prédicateur, et vivent du reste sur les grandes vérités annoncées par le christianisme qu’ils out accueillies dans leur cœur. Plusieurs de mes amis, ici, appartiennent à cette Église invisible.

Le 19 février.

De belles journées ! trois jours du plus beau temps de printemps ! Ce ciel bleu rayonnant, cet air si fin, si spiritueusement animé, ressemble à du champagne. — Je n’en ai pas encore respiré de pareil, et il m’a comme un peu enivrée. Ensuite, je me suis si bien portée durant ces jours-là, j’ai senti un tel flot de vie fraîche couler en moi, que j’en ai été tout heureuse, et assez enfant pour avoir envie de le dire à toutes les personnes que je rencontrais dans les rues, en les priant de s’en réjouir avec moi. J’ai joui du temps, de mes promenades, des gens agréables, et — du monde entier, durant ces belles journées. Longfellow est venu me prendre pour dîner chez M. et madame Appelton, les parents de sa femme, je crois (tu sais que je ne suis pas forte en généalogie). C’était le premier de ces beaux jours ; et lorsque j’eus franchi le seuil de la porte d’entrée, je m’arrêtai surprise par la beauté du ciel et de l’air qui venait à ma rencontre. Je dis à l’aimable poëte que ce devait être un produit de son art magique. L’inté-