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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

pêches, quoique leur temps soit, à proprement parler, fini ; des poires, des prunes, du raisin — venu en serre, bien entendu, etc., etc. La table de M. Downing est parée chaque jour d’une corbeille remplie des fruits les plus exquis — véritables hespérides, — de belles fleurs disposées avec le goût le plus délicat. Les déjeuners dans ce pays sont beaucoup plus forts qu’en Suède. En outre du café et du thé, on a du poisson, de la viande, des gâteaux de froment, de l’omelette, etc., etc., du pain de maïs, et une espèce de pommes de terre sucrées propres au pays ; ce légume, remarquablement bon, est long, mou, farineux, jaune et fort doux. On le sert d’ordinaire avec sa pelure, et on le mange avec du beurre. À dîner, ce sont les mêmes mets qu’en Angleterre ; on y ajoute des racines et des fruits qui appartiennent à l’Amérique. On ne mange guère le soir ; le thé est accompagné de tartines de beurre ou de pains à thé, de fruits confits — principalement des pêches — et de crèmes. Une coutume que je trouve fort agréable, ce sont les petites tables pour une ou deux personnes placées à l’entour, avant d’offrir le thé. On se réunit donc deux à deux, ce qui permet les plus charmants tête-à-tête ; et tu sais combien je les aime. C’est comme cela seulement que je cause à mon aise.

Mes moments les plus délicieux sont ceux que je passe soit le matin, seule dans ma chambre avec les livres américains que M. Downing m’a prêtés, soit le soir avec mes hôtes, assise dans le petit et sombre salon, entourée de bibliothèques, de bustes, et un feu doucement brillant dans la grande cheminée. Ici M. et madame Downing me lisent alternativement, à la lueur de la lampe, des morceaux des poëtes américains les plus goûtés. Je monte ensuite ces livres avec moi dans ma chambre. C’est ainsi que