Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
LA VIE DE FAMILLE

de l’ordre, du bien-être, se ressemblait malgré les différentes nuances indiquées par le nom de ces villes. J’aime voir les noms célèbres du Vieux-Monde mêlés à ceux du Nouveau, car j’y pressens une prophétie populaire concernant la métamorphose plus haute à laquelle ce pays, ce peuple, donneront naissance, et dans laquelle la vie de l’Ancien-Monde sera représentée, mais dans un sens plus élevé, plus spirituel. Ces noms de tous les pays et de tous les peuples semblent annoncer la grande assemblée des nations des diverses parties de la terre, qui aura lieu un jour ici.

Nous passâmes aussi devant plusieurs lacs aux bords romantiques, Cayuga, Seneca, Canandaigua, Onéida, etc. Le paysage, dépourvu de grands traits, était d’une gentillesse et d’une fertilité infinies. Les vergers, resplendissant des plus jolies pommes, des plus belles pêches, environnaient des maisons de campagne et des fermes bien bâties. On m’avait parlé du voyage à travers la partie occidentale de l’État de New-York comme étant fort intéressant par le spectacle de la vie riche et florissante qu’on y voit. C’est bien cela, c’est une fête champêtre incessante ; sa grâce variée fait oublier une certaine uniformité dans les scènes.

Mes jeunes amis en jouissaient comme moi, à mesure que la journée avançait et que le soleil descendait vers l’occident, but de notre course ; plus il se baissait, plus sa couleur était ardente. Je regardais cet astre comme une fille du Pérou aurait pu le faire, je le regardais comme les hélianthes de la route et en rapport intime avec elles.

Nous arrivâmes le soir à Utique, où nous devions passer la nuit. Tandis que Marie reposait, que James faisait les préparatifs de notre excursion du lendemain (nous nous proposions d’aller voir la chute de Trenton), j’entrepris