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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

célérité. Le camp, ses feux, ses tentes et ses habitants présentaient un spectacle des plus animés et sauvages. Pendant la journée nous vîmes ailleurs une grande pierre rouge-clair dans un champ près du fleuve. On me dit que cette pierre et toutes celles de même espèce sont considérées comme saintes par les Indiens. C’est la main appuyée sur elles qu’ils prononcent leurs serments, c’est autour d’elles qu’ils tiennent leurs assemblées ; ils les croient habitées par une divinité.

Il paraît que nous atteindrons cette après-dînée Saint-Paul, le but de notre voyage et la ville la plus septentrionale du Mississipi. Je suis triste d’arriver si promptement, j’aurais voulu que cette course, en remontant le fleuve, eût duré au moins huit jours ; elle m’amuse et m’intéresse d’une manière inexprimable. Ces rivages nouveaux, nouveaux sous tous les rapports, ces peuples sauvages, leurs camps, leurs feux, leurs canots, leurs mœurs et leurs usages particuliers, sont pour moi un rafraîchissement continuel. Ajoutez que je puis en jouir en paix et en liberté, par suite des dispositions parfaites que les bateaux à vapeur américains ont adoptées en faveur des passagers. Ces bateaux sont ordinairement à trois ponts. Le pont intermédiaire est surtout occupé par les passagers qui désirent être commodément ; ils payent davantage. Le long de ce pont est une large galerie (ou terrasse) sur laquelle le pont supérieur fait ombre, et au fond se trouvent les chambres des passagers ; elles se touchent autour du bateau, ont une porte vitrée donnant sur la galerie, de sorte qu’on peut en sortir à son gré, ou voir le rivage de sa chambre. Une porte, en face, conduit au salon ; le plus vers la poupe est celui des femmes, leurs chambres sont autour. L’autre salon, plus grand, qui sert en même temps de salle à manger, est la pièce de réunion