Page:Bremer - La vie de famille dans le Nouveau-Monde vol 2.djvu/290

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
282
LA VIE DE FAMILLE

de ce pays, et que les Indiens sont disposés à conclure ce marché, à se retirer au delà du Missouri, dans les steppes de Nebraska et les montagnes Rocheuses. Ces tribus sont déjà tombées si bas par leur contact avec les blancs, qu’elles font plus de cas de l’argent et de l’eau-de-vie que de la terre de leurs pères, et sont disposées, comme Ésaü, à vendre leur droit d’aînesse. Mais le peuple cruel qui scalpe les enfants et les vieillards, fait des femmes des bêtes de somme, doit se retirer dans le désert et céder la place à une race plus noble. Il n’y a au fond de ceci qu’un acte de justice émanant d’une justice supérieure.

Le 26 octobre.

Je suis allée hier avec mes aimables hôtes sur le territoire indien, près du fort Snelling, forteresse construite par les Américains, et où ils ont garnison d’infanterie et de cavalerie pour tenir les Indiens en respect. Ceux-ci ont rudement peur des Américains, qu’ils appellent les « longs couteaux. » Les blancs ne courent pas de danger maintenant ici ; mais les tribus indiennes continuent de près ou de loin leurs invasions cruelles, malgré l’intervention du gouvernement américain. Il n’y a pas longtemps qu’une bande de guerriers sioux a surpris un village chippewas, tandis que les hommes étaient à la chasse, a tué, scalpé seize personnes, presque toutes femmes et enfants. M. Ramsay, pour l’exemple, fit mettre en prison et pendre les instigateurs de cet acte de violence. Ils se rendirent à la potence en marchant fièrement, comme des martyrs d’une noble cause.

J’étais fort curieuse de voir l’intérieur des tentes ou Tepées, dont j’avais contemplé si souvent les fumées et les