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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

la forêt, près du fleuve, et cherche, auprès de son feu, la liberté et la paix. Il faut que cette vie sauvage ait de grands charmes.

De toutes les tribus indiennes encore existantes dans l’Amérique du Nord, il n’y a que celles des Chérokées et des Chactas qui ont adopté le christianisme et la civilisation. Lorsque les Européens visitèrent la première fois ces tribus, ils les trouvèrent dispersées dans de petits villages, dans les montagnes du Tennesée, de la Géorgie, de l’Alabama ; elles étaient paisibles et s’occupaient d’agriculture. On les chassa ensuite de gré et de force de leurs foyers, on leur donna les déserts, à l’ouest du Mississipi et du Missouri ; ils y sont devenus une grande et florissante société augmentant en nombre et se rapprochant des mœurs et des coutumes des Européens. Ils sont cultivateurs, élèvent des troupeaux, construisent des maisons véritables, et, dans ces derniers temps, ils ont une langue écrite, une presse. Parmi les curiosités américaines que je possède se trouve un journal chérokée, imprimé en cette langue.

Les Indiens sauvages vivent encore, comme autrefois, de chasse et de pêche, disparaissent d’année en année, par suite de leurs guerres civiles, de la petite vérole, de l’eau-de-vie et autres liqueurs échauffantes et nuisibles qui leur sont apportées par les marchands blancs. Le gouvernement a défendu, avec sévérité, de vendre des spiritueux aux Indiens ; mais, comme ils en sont fort avides et qu’on trouve partout des âmes viles préférant le gain à tout, cette défense ne sert pas à grand’chose. Les boissons fortes sont introduites en fraude avec d’autres marchandises chez les Indiens de ces contrées. Le gouvernement américain achète leurs terres, et pour l’argent qu’on leur donne annuellement à cette intention, ils achètent de « l’eau-de-feu » et