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LA VIE DE FAMILLE

danses ; je serai bien aise de voir une fois ce bonheur si vanté. Dans la Caroline du Sud et la Géorgie, les sermons ont expulsé la danse et les chants joyeux des plantations. Peut-être que dans la Louisiane, où l’on ne prêche pas les esclaves, on les laisse danser et chanter.

Le 17 de ce mois, un grand et beau bateau à vapeur partira d’ici pour la Nouvelle-Orléans ; j’en profiterai et j’aurai M. Harrison pour cavalier.

Encore un mot sur quelques soirées en nombreuse compagnie qui ont eu lieu dans cette maison. Ce qui me déplaît dans les petites réunions intimes américaines, c’est qu’on s’y occupe trop peu de lecture à haute voix ou de quelque chose offrant un intérêt commun. Mais dans les grandes réunions la vie de société est parfaite ; je mets en première ligne les causeries des hommes et des femmes. Jamais on n’y voit les hommes s’entasser dans une pièce et les femmes dans une autre, ou bien dans un coin du salon et les femmes dans l’autre, comme s’ils se faisaient peur mutuellement. Ici, les hommes qui fréquentent les sociétés (ils aiment à passer le soir dans les salons) se font un devoir et, il me semble, un plaisir aussi, d’entretenir la conversation avec les femmes. De cette bienveillance résultent une plus grande amabilité, un commerce plus facile, ce qui, pour des hommes de bon goût et au noble caractère, est bien supérieur au cigare et au punch. D’ordinaire, un homme se consacre à une femme pendant un temps assez long, souvent pendant toute la soirée. On est assis deux à deux sur des causeuses et de petits canapés de formes variées, et on cause ; ou bien le cavalier offre son bras à la dame pour faire une promenade dans le salon. Ce sont parfois deux femmes qui se consacrent l’une à l’autre. Ce n’est pas toujours non plus la femme la plus jolie