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DANS LE NOUVEAU-MONDE.

constitution fédérale de l’Union, — association d’États soumis à une même loi fondamentale, — et ce principe se présente comme base de la vie du peuple. Celui-ci s’associe aussi facilement qu’il respire. N’importe l’intérêt, la question qui surgit dans la société en vue du bien général, aussitôt on annonce une assemblée ou « convention » pour l’examiner. De toutes les extrémités de la ville, de l’État, et même de tous les États de l’Union, les personnes que cette question intéresse accourent sur les ailes de la vapeur au lieu indiqué, à l’heure, au jour fixés. Les hôtels, les pensions de la ville se remplissent de monde avec rapidité. On se réunit dans la grande salle de l’assemblée, on se donne des poignées de main, on fait des connaissances, des discours, on vote, on prend des résolutions… On met aussitôt sous presse discours et résolutions ; elles s’envolent dans toute l’Union avec les milliers de journaux quotidiens. Du reste, ces résolutions ne sont parfois que l’expression de diverses pensées (par exemple, on tient des assemblées d’indignation, lorsqu’on veut exprimer une désapprobation énergique relativement à certains hommes ou actes publics). C’est véritablement admirable de voir avec quelle habileté, quel « savoir-faire » ce peuple se gouverne lui-même, avec quelle hardiesse il passe de la délibération à la résolution[1]. Dans les États libres et populeux,

  1. Une brillante preuve de ce « savoir-faire, » sous le rapport du gouvernement par soi-même, a été donnée, de notre temps, par l’organisation politique de la Californie. Pendant une couple d’années, les aventuriers les plus sauvages de tous les peuples et pays de la terre s’y sont précipités avec la fureur que donne la fièvre de l’or. Mais les meilleurs se sont réunis, organisés, défendus, ont fait des lois, établi l’ordre civil, et la Californie, dont la population s’est élevée tout à coup à deux cents mille âmes, est maintenant complétement organisée comme État, et fait