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LA VIE DE FAMILLE

sonne respire la simplicité des quakers, les sénateurs de l’Ohio, Corvin et Chase. Tu connais déjà Corvin : silencieux et calme maintenant (il a parlé dans la discussion générale), il lance de temps à autre une observation pendant les discours des hommes du Sud. Chase est remarquablement bien ; j’ai rarement vu une stature plus noble et fière. Dans la vie privée, un tel homme doit imposer, et faire naître l’amour ou — la haine. Dans la vie publique, il parle avec fermeté, mais laconiquement, en faveur du principe de la liberté.

Le sénateur de New-York, M. Seward, est un petit homme sans beauté personnelle ; son organe est presque nasillard, défaut assez fréquent chez les fils de Boston (M. Seward est né dans cette ville) ; cependant cette voix a fait entendre ici les plus grandes, les plus nobles pensées qui aient été émises durant la session actuelle du congrès. Abolitionniste prononcé, il a parlé contre le compromis. « Je veux, a-t-il dit à la fin d’un de ses discours, je veux travailler au maintien de l’Union, non par des concessions faites à l’esclavage, mais en appuyant les lois et les institutions qui feront d’elle un bienfait pour l’humanité tout entière. » C’est bon et grand !

En me dirigeant vers le couloir principal, je rencontre, non loin de Clay, Judge Berrian, homme de talent, d’esprit, en même temps pieux et bon, ayant le savoir-vivre d’un monde choisi. J’éprouve de la peine à voir en lui l’avocat du côté sombre du Sud, lorsqu’il combat en faveur de ses droits. Il est maintenant en guerre avec Clay relativement à la Californie, et leur division est allée si loin, que ce dernier a quitté notre table d’hôte où Berrian était assis à son côté.

Au centre de ce camp, le colosse Daniel Webster est as-