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de Grenoble condamna par contumace le conseiller Duchelas, qui s’était battu avec le sieur Beguin, à être rompu vif.

Mais cet arrêt, comme on peut le voir par la nature de la peine, ne punit pas un duel : c’était un assassinat[1] que Duchelas avait commis à l’aide de son domestique, qui fut condamné à la marque et à servir quatre ans sur les galères. L’arrêt portait, en outre, que la mémoire du condamné serait et de-

  1. Beguin, capitaine dans la légion de Flandre, était un très-beau garçon, fort damoiseau, mais très-brave. Duchelas vint plastronné au rendez-vous ; et Beguin l’ayant touché de plusieurs bottes sans le blesser, lui dit : « Diable, monsieur, tous êtes bien dur ; » à quoi son adversaire répondit en fureur : « Tire toujours ; nous ne sommes pas ici pour nous faire des complimens. » Beguin, ainsi averti, adressa ses coups à la tête ; alors le domestique s’en mêla, et l’assassinat fut consommé.

    Le parlement de Grenoble se fit beaucoup d’honneur par la juste sévérité qu’il mit dans cette affaire contre un de ses membres.