Page:Brillat-Savarin - Essai historique et critique sur le duel, 1819.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(53)

pération qui ne pouvait manquer d’avoir lieu par la grandeur et la contrariété des intérêts, et les duels se réduisirent à quatre ou cinq, dont aucun ne fut suivi de mort.

Nous ne comptons pas dans ce nombre les vingt-deux appels qui furent faits au comte de Mirabeau, et qu’il avait ajournés à la fin de la session.

Il est évident que les derniers, en nombre, n’étaient qu’une moquerie ; et ce qui prouve à quel point d’élévation ce grand homme était parvenu, c’est que l’opinion commune, qui aurait flétri tout autre en pareil cas, ne put cependant pas l’atteindre, et que personne ne s’avisa de le soupçonner de lâcheté.

On ne se battit point pendant tout le règne de la terreur, peu sous le gouvernement de Bonaparte, et c’est encore une vérité historique qu’il n’est point d’époque, dans les fastes de la nation française, où les duels aient été moins fréquens que depuis 1770 jusqu’à présent.