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le mystère du b 14
T.-D. Shap. Il allait se l’enseigner. Son ami

Ferroux allait le tirer d’embarras. Et il se dirigea vers le bureau de son ami Ferroux.

— Tiens, Rosic !

— Lui-même…

— Tu es donc dans nos parages ?

— Pour affaire personnelle… je repars ce soir…

— Rien de nouveau là-bas ?

— Rien ! répliqua Rosic assez sèchement.

— Toujours solide !

— On se maintient… Mais ce n’est pas tout ça… Est-ce que tu connais ce détective américain dont on a tant parlé, T.-D. Shap.

— Je te crois… j’ai dîné deux ou trois fois avec lui !…

— Pourrais-tu me présenter ?…

— Mon vieux, pour ça, il faudrait aller à New-York, ou attendre qu’il revienne en France !…

— Il est donc retourné dans son pays ?…

— Il y a un gros mois !…

— Tu es sûr ?…

— Aussi sûr que l’on peut l’être quand on a accompagné quelqu’un à la gare !…

Rosic se mordit les lèvres.

Et il demanda encore :

— Tant pis… Comment était-il ?…

— Qui ?…

— Ce Shap !…

— Ma foi… un petit… maigre… rasé… Mais, au fait…

Ferroux fouilla dans sa poche, en tira son portefeuille et, sortant une photographie :

— Le voilà… en pied, à la suite du banquet que nous lui avons offert… Tu le vois… là… à côté de moi… ce petit bonhomme…

Rosic regarda la photographie :

— Celui-là ?…

— Oui !…

— Zut !… clama-t-il.

Il était de toute évidence que le monsieur rencontré dans le train ne pouvait être T.-D. Shap… T.-D. Shap était un tout petit homme à la figure chafouine… une véritable tête de vieille femme, et l’autre…

Mais Ferroux se méprit sur l’interjection de Rosic.

— Oui, fit-il, hein… On ne croirait jamais que c’est là un policier… et pourtant c’est un fameux… Tu aurais été content de faire sa connaissance…

— Certes, répondit Rosic évasivement.

Mais il n’était plus à la question…

Décidément, c’était bien Burnt qui l’avait ainsi joué.

Il serra la main à son ami et disparut…

Mais, comme il traversait le pont, il fut à demi bousculé par une trombe de marchands de journaux qui, un gros paquet sous le bras, couraient comme des fous en hurlant comme des possédés :

— D’mandez Paris-Matin… sa troisième édition… le Mystère du B.-14…

Et Rosic tressaillit…

Quoi… les journaux mentionnaient cette affaire… et on ne lui avait rien dit à la Sûreté ?…

Il acheta un numéro, et tout de suite, cette manchette en lettres énormes le suffoqua :


LES MYSTÈRES DU B-14

Un voyageur chloroformé et jeté dans le Rhône. — Un apache égorgé dans le train. — Une tête dans l’Isère. — Un cadavre à Saint-Rambert. — Le veston volé. — Le poignard de cristal. — M. Rosic, le célèbre policier, éclaircit ces mystères. — Que contient la valise tombée entre les mains de la police. — Nous le saurons demain.

Assis sur le bord de la vasque de la fontaine du Châtelet, Rosic lisait cet étrange article… C’était, mot pour mot, tout ce que lui avait expliqué dans le train le soi-disant T.-D. Shap, qu’il savait maintenant sûrement être W.-R. Burnt lui-même…

Qui avait pu ainsi renseigner le Paris-Matin ?…

Ce n’était pas la Sûreté, qui ignorait tout de cette affaire, dont personne ne lui avait parlé, à l’instant quand il était dans les bureaux…

D’ailleurs, la Sûreté ne pouvait encore rien savoir de ce crime du B.-14… Ce n’était pas lui, non plus… Alors… Alors… ce ne pouvait être que Burnt… Pourquoi ?… Dans quel but ?… Pourquoi, à peine arrivé à Paris, après avoir volé sa valise, au lieu d’avertir la police, au lieu de mettre la justice dans la confidence de ses affaires, s’en venait-il trouver un journal et lui narrait-il par le menu toute cette mystérieuse affaire ?…

Et pourquoi en laissait-il tout l’honneur à Rosic, à Rosic qu’il avait joué, qu’il avait volé, dont il s’était moqué, en somme…

Si c’était un espion drôle de façon de faire le silence…

Car, il n’y avait pas à dire, c’était Burnt et non un autre qui avait rédigé cet article… Rosic reconnaissait des tournures de phrases déjà entendues dans le train… Et ils étaient

seuls… et nul n’avait pu les entendre…