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le mystère du b 14

au commissaire de police… celui-là au chef de la brigade mobile… et au trot… que dans un quart d’heure tout le monde soit ici…

Il songea une seconde, puis se dirigeant vers la porte du sleeping :

— Courons au plus pressé… nous aurons après tout le temps de faire les constatations.

iii

le b-14



Quand le B-14 entra en gare de Perrache à Lyon, il fut immédiatement entouré d’un véritable essaim de policiers, les uns en civil, les autres en tenue, la gare était consignée au public et le substitut du procureur général dirigeait lui-même les opérations.

Le coup de téléphone de M. Jeulin et celui, plus explicatif de M. Chaulvet avaient produit tout leur effet ; on avait eu le temps de tout préparer et il était évident que si l’assassin se trouvait encore dans le train, il ne pourrait échapper.

Le chef de la brigade mobile de Lyon était, en ce temps, un certain M. Rosic, qui, en maintes circonstances, avait eu l’occasion de donner la mesure de son flair et de son entente profonde des affaires criminelles.

En attendant le train, il se tenait aux côtés de M. Boulard, le substitut, et paraissait fort sceptique sur l’issue de l’affaire.

— Voyez-vous, je ne puis croire que l’assassin se trouve encore dans le train…

— Croiriez-vous donc qu’il a sauté en cours de route ?

— Non. Le B-14 est un train à marche rapide, et il faudrait être bien audacieux pour risquer de sauter d’un train dont la vitesse minimum, dans les passages dangereux, n’est pas inférieure à quatre-vingts kilomètres.

— Alors ? — Alors… le coup a dû être fait avant Avignon, et l’assassin est descendu, à contrevoie, dans cette gare, voilà tout !

— Ou à Valence.

— Pourquoi à Valence ?

— Parce que c’est à Valence que la tête a disparu.

Mais M. Rosic haussa les épaules :

— Vous croyez à cette histoire de la disparition de la tête ? C’est tellement invraisemblable… et inutile… Ceux de Valence, sous le coup de la première émotion, auront cru voir la tête… si véritablement l’assassin l’a coupée… Ou alors, c’est qu’elle a roulé sous quelque banquette, où M. Chaulvet n’a pas su la retrouver tout de suite…

— Bref… nous perdons notre temps, ici.

— On ne perd jamais son temps, répondu le policier, parce que, voyez-vous… Mais voici notre train !

Le B-14 entrait en gare.

Comme nous l’avons dit le convoi n’était pas encore arrêté que déjà un essaim de policiers et d’agents l’entouraient.

MM. Boulard et Rosic se dirigèrent alors vers le chef de train, qui venait de sauter sur le quai, à la vue de tous ces gens qui entouraient son convoi, et, désespéré, gémissait :

— Bon !… V’là que ça va recommencer… Si jamais nous arrivons à Charenton avant demain soir… nous aurons une fameuse veine !…

Mais M. Boulard s’était approché de lui, et :

— C’est vous le chef de train ?

— Oui, Monsieur !

— Vous n’avez rien remarqué depuis Valence ?

— Rien.

— La marche normale ?

— Tout ce qu’il y a de plus normal ?

— Aucun ralentissement, pour une cause ou pour une autre ?

— Aucun… Par hasard, la voie est en bon état, tout le long, répondit cet homme intrigué par ces questions dont il ne pouvait arriver à comprendre la portée.

— Bon !… conclut le substitut avec un long regard à Rosic. Puis il reprit :

— Il faut que je visite votre train ! Je suis le substitut du procureur général.

— Ma foi, Monsieur, répondit le chef de train, cela n’est pas de mon ressort. Moi, je n’ai pour mission que de conduire le train, et les voyageurs ne me regardent pas. Le B-14 n’est pas un train de la Compagnie ; il appartient aux Wagons-Lits, et c’est les Wagons-Lits que ça regarde. Voilà d’ailleurs le contrôleur…

Et il désigna un homme vêtu de kaki, aux manches galonnées et à la casquette plate dorée, qui se tenait à quelques pas du groupe.