Page:Brissot - Bibliothèque philosophique, tome 1.djvu/108

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d’un pouvoir que Dieu n’a point confié ou qu’il ne confie plus aux êtres créés de même ne doit-on admettre que sur des preuves évidentes l’accusation d’une cruauté purement gratuite, parce que l’homme n’est cruel que par intérêt, par haine ou par crainte. Il n’exige dans le cœur humain aucun sentiment superflu. Ils résultent tous des impressions faites fur les sens, & y sont proportionnés. Le degré de confiance que mérite un témoin, diminue aussi lorsque ce témoin est membre d’une société privée dont les coutumes & les maximes sont peu connues ou diffèrent des usages publics. Un tel homme n’a pas seulement ses passions, mais celles des autres.

Lorsqu’il s’agit enfin de discours qu’on veut faire regarder comme un crime, les témoignages deviennent presque de nulle valeur. En effet le ton le geste & tout ce qui précède ou suit les différentes idées qu’on attache à ses paroles, altèrent & modifient tellement les discours d’un homme, qu’il est presque impossible de les répéter avec exactitude. De plus les actions violentes & extraordinaires, tels que sont les vrais délits, laissent des traces d’elles-mêmes y dans la multitude des circonstances qui les accompagnent ou des effets qui en dérivent. Mais les paroles ne restent point, si ce n’est dans la mémoire presque tou-