Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/149

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« Et moi, le vieux barbon, je suis garçon d’honneur !
Sur la route en sifflant galopait le seigneur,
Quand son cheval se cabre, et frissonne, et s’arrête.
Il excite, éperonne, ensanglante la bête,
Et la bête, à travers champs, vallons et forêt,
Monture de l’enfer, courait toujours, courait ;
Une pierre se dresse enfin, le marin tombe :
C’est là, le mois passé, qu’il vit creuser sa tombe. »

II

Louis Quinze agitait ses pincettes d’acier,
Mais le front impassible, avec son air princier,
Lorsqu’un des esprits forts, en jabot de dentelle.
S’écria : « Maréchal, vous nous la donnez belle !
Moi qui ne crois à rien, croirai-je aux revenants ?
— Ah ! vous croyez en Dieu ?… Soupçons inconvenants,
Mon cher duc ! Eh bien ! Dieu, pour qui rien n’est merveilles,
Peut dessiller nos yeux, entr’ouvrir nos oreilles.
Sa main à qui lui plaît dévoile l’avenir.
Une àme vint au monde, elle y peut revenir…
Mais un signe du roi m’ordonne de poursuivre.
Voici ce que mes yeux ont vu : je vous le livre.

III

« Vers le premier de juin, reprit le maréchal,
Madame de Ker-Lan, fille de l’amiral,
Arriva dans ma terre en galants équipages.
Hervé, son jeune fils, est la fleur de vos pages ;