Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/159

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Un sourire charmant errait sur leurs visages
De tendresse animés, éclairés de présages…

II

LA HUTTE

Pêle-mêle étendus à l’ombre des pommiers,
Un jour que, vers midi, dormaient les ouvriers,
Le plus jeune, Tan-gui, sous le hâle tout rouge,
Seul maniant encor le perçoir et la gouge,
Dans la hutte achevait, aux heures de loisir
Prises sur le sommeil, achevait à plaisir
Des sabots fins, légers, où l’on voyait deux flammes
D’un beau lis virginal sortant comme deux âmes.
Quel pouvoir inconnu, quel sens mystérieux
Guidaient de ce jeune homme et la main et les yeux ?
Voyez ! à son ciseau grossier rien ne résiste,
Et l’obscur artisan devient habile artiste.

Or, quand le vieux Rî-Wall entra dans l’atelier,
La douce Renéa, fille de ce fermier.
Tout en filant son lin, vit le front de son père
Se rider et ses yeux pleins d’un regard sévère.
Il resta sur le seuil sans décroiser les bras,
Sombre comme un fantôme et se parlant tout bas.
Cependant une sœur, surveillante fidèle,
Veuve au cœur déjà mûr, filait aussi près d’elle,
Et de ses jeux bruyants égayant leurs travaux,
Le petit Fanche allait roulant sur les copeaux…