Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/163

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Il ne va pas courir quand sa mère l’appelle…
Sa joue, oh ! regardez comme elle est blanche et belle ! »
Et l’enfant oublieux des jeux, l’enfant jaloux.
Les deux bras étendus et heurtant ses genoux,
Vint, tout en agitant sa chevelure blonde,
À cette heureuse mère offrir sa bouche ronde.
 
Voilà le frais tableau, les doux embrassements
Que d’un œil attendri virent les deux amants ;
Et déjà l’avenir, plein de lueurs vermeilles,
Les conviait ensemble à des fêtes pareilles :
Aussi, quand Renéa tout émue et rêvant
S’éloigna du lavoir, Tan-gui saisit l’enfant ;
Il appuya son cœur sur le petit farouche.
Il lui baisa le front, et les yeux, et la bouche :
« Allons chez moi, dit-il, je veux faire un bateau
Superbe, où tu pourras sans peur jouer sur l’eau ;
Nous y mettrons des fleurs et des fruits par centaine,
Et tu seras nomme l’Ange de la Fontaine ! »

IV

LE BÂTON ET L’ÉPÉE

Ce soir-là, des fureurs, des menaces, des cris
De Rî-Wall le fermier, emplissaient le pourpris :
« Oh ! criait-il, à moi, mes valets ! votre maître
Mourra-t-il sous les coups d’un usurier, d’un traître ?
— Traître ou non, disait l’autre, allons, paie et tais-toi !
Car j’ai pour moi la force à défaut de la loi. »