Page:Brizeux - Œuvres, Histoires poétiques III-VII, Lemerre.djvu/216

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« Allez, la messe est dite ! » Et le chœur répondait :
« Grâces à Dieu ! »

Voyez la pieuse assemblée,
Dans quel ordre parfait elle s’est écoulée !
Sous le porche ils semblaient, passant avec lenteur.
Se rappeler encor la voix de leur pasteur…
Mais, aux bras des messieurs bruyants, les demoiselles
Avec de grands éclats déployaient leurs ombrelles ;
Déjà pendant la messe, on les vit maintes fois,
Sur leurs chaises penchés, causer à demi-voix,
Lorgner et se sourire, et c’était un scandale
Pour ceux qui gravement à genoux sur la dalle,
L’œil fixé sur l’autel, disaient leur oraison.
Et voici derechef sur ce pieux gazon,
Quand chacun prie encor pour un père, une mère.
Pour tous ceux qui sont là sous leur monceau de terre.
Qu’ils passent en dansant, tous ces couples légers !…
« Çà, que viennent ici faire ces étrangers ? »

Villageois, villageois, malgré vos justes plaintes,
Que j’en pourrais nommer de ces familles saintes !
Mères, toutes les nuits veillant sur des berceaux,
Magistrats et penseurs usés par les travaux,
Que souvent vous verrez de chaumière en chaumière
Tendre secrètement une main aumônière !
Et le soir, près des lits, les deux graves époux
Et les jeunes enfants seront tous à genoux.