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SECONDE ÉPOQUE — 1835


I

Tes usages pieux, restes des anciens jours,
Bretagne, ô cher pays, tu les gardes toujours,
Et j’ai redit les mœurs et les travaux rustiques :
Oh ! si j’avais vécu dans tes âges antiques,
Lorsque, le fer en main, durant plus de mille ans,
Tu repoussais l’assaut des Saxons et des Franks,
Te levant chaque fois plus fière et plus hardie,
Toute rouge de sang et rouge d’incendie,
Ô grand Noménoé, Morvan, rivaux d’Arthur,
Maniant près de vous la claymore d’azur,
Quels chants j’aurais jetés dans l’ardente mêlée !
Toute gloire serait par la nôtre égalée.
J’ai la corde d’argent et la corde d’airain :
Mais il est pour le barde un maître souverain,
Le temps, qui fait la lyre ou paisible ou guerrière,
Et l’orne de lauriers ou de simple bruyère.
Je suis fils de la paix. Pour de récents combats
Si cependant mon àme a trouvé des éclats,
Comme nos vétérans, après ces jours de fièvres,
Chanteur, je n’aurai plus que douceur sur les lèvres,