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CHANT SEIZIÈME

LE CONVOI DU FERMIER.


La veuve et ses amis ensevelissent leur mort. — Conversations dans la forêt. — Chapelle du mort. — Le convoi du fermier. — Lamentations.


Si le ciel vous a pris quelqu’un aimé de vous,
Rappelez-vous, hélas ! combien vous pleuriez tous,
Quand cet être chéri, que le cercueil emporte,
Pour la dernière fois passa sous votre porte ;
Et comme vous alliez, le front dans votre main,
pleurant toujours, pleurant tout le long du chemin
Jusqu’à l’horrible fosse où, béni par le prêtre,
Tout ce que vous aimiez entrait pour disparaître ;
Tellement que l’ami qui veillait sur vos pas
Vous entraîna, mourant vous-même entre ses bras.
 
Quand le fermier Hoël mourut, ainsi sa femme
Laissa voir au grand jour les tourments de son âme ;
Puis, épouse chrétienne, elle l’ensevelit,
Et l’appela longtemps prés de son dernier lit.
 
On ne verra jamais angoisse plus profonde,
Abîme de douleurs plus digne qu’on le sonde.