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CHANT VINGT-UNIÈME

LES FILEUSES.


Les deux veuves, Guenn et Armel, vont offrir un sac de blé à la patronne de Scaer. — Rencontre du fermier Tal-Houarn. — Nouvelles du clerc et du conscrit. — Pays de Tréguier ; la maison d’Hervé, le tisserand. — Filerie chez Hervé ; la petite Mana, sa fille. — Comment deux jeunes gens de Cornouaillc se trouvaient à cette veillée. — Merveilleuse légende des fées de Berneuf. — Bonne plaisanterie du tisserand. — Les gendarmes. — Appel aux deux veuves.


Oui, mon brave parent ! oui, cette mère en larmes,
Et moi qui dans mon cœur ai bien ma part d’alarmes,
Nous ne pouvions souffrir plus longtemps ce tourment.
Ce matin j’ai donc mis le bât sur la jument,
Et nous allons porter ces mesures de seigle
À la sainte de Scaer, ma patronne et ma règle ;
Et, s’ils vivent encor, nous verrons avant peu,
Elle, son cher enfant, et moi, mon cher neveu…
Mais tous deux sont tombés sous leurs bourreaux infâmes ;
Et, comme eux, nous n’avons qu’à mourir, pauvres femmes !
Le bon Tal-Houarn sourit : « Vivez pour vos enfants,
Armel, et vous, Guenn-Du ; car tous deux sont vivants.