Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/213

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« Après les foins coupés nous avons mis les noces,
Et partout, ce printemps, les herbes sont précoces ;
N’y manquez pas, sinon vous nous affligerez.
Tenez donc dans un mois vos chevaux bien ferrés.
Venez tous, jeunes, vieux, maîtres, valets, n’importe !
Et mettez ce jour-là votre clef sous la porte. »

Dans toute la paroisse et dans tout le canton
Ils firent mille fois cette invitation.

Mais ce mois à Lilèz paraissait un long jeûne :
« Attendez, mon ami, vous êtes encor jeune ! »
Il répondait : «J’ai l’âge, il faut me marier.
Ceux-là m’approuveront qui m’ont vu l’an dernier
Avec des bras si forts, quoique mince et sans barbe,
Mettre la grosse cloche en branle à Sainte-Barbe.
Les garçons du Faouët et de Loc-Guennolé,
D’autres venus de Vanne et par delà d’Ellé,
Disputaient avec moi de vigueur et d’adresse,
Car chacun voyait là devant lui sa maîtresse.
Oui, je voudrais avoir, je ne m’en défends pas,
Du vieux cidre à plein verre, une vierge à pleins bras,
Pourvu que la boisson pourtant soit sans malice,
Et que, ma femme et moi, le prêtre nous unisse.
— Oh ! oh ! criait alors en riant son parrain,
Mettez, mettez la bride à ce jeune poulain ! »

Oui, Lilèz, calmez-vous ! Lilèz, vos jours d’attente
Désormais sont finis : craintive, mais contente,
D’elle-même, ce soir, viendra vous visiter
Celle qui ne doit plus jour et nuit vous quitter.

À vos armes, sonneurs ! chantez la fiancée !