Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/216

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Cet homme va connaître enfin ce que je vaux.
Mes amis, dételez les bœufs et les chevaux.
A présent, dirigez le timon sur la ferme.
Très bien ! J’enfonce ainsi les portes qu’on me ferme.
Oui, c’est un siège en règle et terrible ! Je veux
Que devant mes exploits se dressent leurs cheveux !

Ohl le vaillant tailleur ! Mais comme en ce grand siège
Il se vit puissamment aidé par son cortège !
Les assiégés aussi firent bien leur devoir :
Fourches, pelles, bâtons servaient leur désespoir.
La maison fermentait comme en été les ruches.
La fermière laissa pleuvoir toutes ses cruches.
Pour l’éloquent meunier, ce fut un Duguesclin :
À ce nouvel Arthur il faudrait un Merlin.

Longtemps battue, enfin la porte est enfoncée.
Et la belle armoire entre avec la fiancée.
Aux bravos de la foule, aux refrains du sonneur,
On l’installe, brillante, à la place d’honneur ;
De crêpes, de lait doux, chaque invité la couvre ;
Et lorsque avec fracas son double battant s’ouvre.
Les regards du jeune homme ébloui peuvent voir
La couche qui demain devra le recevoir.

Chez les gens de Ker-Barz ainsi les fiançailles
S’accomplirent suivant les rits de Cornouailles.
Mais que penser, lecteur, si ma voix vous disait
Qu’une fête pareille à Coat-Lorh se passait.
Que notre jeune clerc rayonnait d’allégresse,
Et triomphalement entrait chez sa maîtresse ?