Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/220

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Les manches étaler leurs dentelles d’argent,
Et coiffes et miroirs s’entre-choquer au vent ?
Ornement orgueilleux et naïf, qui révèle
Ce qu’à son jeune époux l’épouse offre avec elle :
Combien de cents d’écus en dot sont apportés.
Le nombre des miroirs vous le dira : comptez.
De quel pas noble et lent viennent ces deux épouses.
Les dames des manoirs pourraient être jalouses.
Leur marraine les suit, c’est un dernier devoir :
Chacune doit garder sa fille jusqu’au soir.

Par les tombes, les croix, les ifs du cimetière,
Se déroulait ainsi la noce tout entière.

À peine on eut touché le sol du grand chemin,
Les pieux épousés se prirent par la main ;
Aussi leurs conducteurs ; et la danse sacrée
Sous les murs de l’église en chœur fut célébrée.
Pour fêter devant Dieu leur hymen éternel,
Les époux bienheureux ainsi dansent au ciel.

Voilà comme en ce jour vos mains furent unies,
Savant clerc, fille sainte, et vos amours bénies !
Non, tout ne s’éteint pas dans le fiel et les pleurs,
Et l’arbre de l’amour se couvre aussi de fleurs.

Je veux suivre à Coat-Lorh, où va s’ouvrir la fête,
Les glorieux époux emportant leur conquête,
Les filles à cheval serrant leurs amoureux.
Et les coiffes volant au fond des chemins creux.
Les jours noirs sont passés, les jours noirs et moroses ;
Laissons errer mon chant sur les plus belles choses.