Page:Brizeux - Œuvres, Les Bretons, Lemerre.djvu/223

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S’anime ; et sa voix claire, au plafond s’élevant,
Entonne avec douceur cet air chaste, mais tendre,
Que son âge innocent ne pouvait pas comprendre :
« Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que de l’or !

« Près du lit des époux chantons la soupe blanche !
La voilà sur le feu, qui bout dans son bassin.
Comme les flots de joie et d’amour dans leur sein ;
La voilà sur le feu, qui déborde et s’épanche.

« Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que de l’or !

« Bien ! le lait jusqu’au bord dans les écuelles fume.
Dans un seul vase offrons leur part aux deux époux,
Pour qu’ils boivent toujours, ainsi que ce lait doux,
Dans un vase commun le miel et l’amertume.

« Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que de l’or !

« Admirez ! admirez ! De ses larges mamelles
La génisse féconde a donné ce lait blanc.
Ainsi la jeune mère, avant la fin de l’an.
Versera son lait pur à deux bouches jumelles.

« Chantons la soupe blanche, amis, chantons encor
Le lait et son bassin plus jaune que de l’or !

« Saint Herbod, écoutez les appels de notre âme.
Et vous, sainte Enora, les vœux de notre cœur :