Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/169

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Car chez le pharisien, assis dans une fête,
Une femme versa des parfums sur sa tête ;
Et, pleine de respect, de tendresse, d’effroi,
La foule le suivait, voulant le faire roi ;
Et ses moindres discours étaient autant d’oracles ;
Et tout Jérusalem répétait ses miracles,
Démons chassés, amis rappelés du trépas ;
Les sages écoutaient, mais ils ne croyaient pas.
Nous, qu’écouter et croire ? »


II



                                             Ô Raisonneurs ! qu’importe ?
Nul n’apporta jamais nourriture plus forte ;
Si la sagesse est Dieu, nul n’aura reflété
Une plus grande part de la divinité ;
Nul n’aura fait jaillir fontaine plus féconde,
Où, depuis deux mille ans, sans la tarir, le monde
S’abreuve et puise encore, ignorant aujourd’hui
Qu’il boit à cette source et qu’elle coule en lui.
Laisse tomber tes croix, ô Jésus ! à l’insulte,
S’il le faut, abandonne et ton nom et ton culte !
Comme un chef de famille à l’heure de sa mort,
Voyant ses fils pourvus, avec calme s’endort,
Dans ton éternité tu peux t’asseoir tranquille,
Car pour l’éternité ta parole est fertile :
Ô toi qui de l’amour fis ta première loi,
Ô Jésus ! l’univers est à jamais à toi.