Page:Brizeux - Œuvres, Marie, Lemerre.djvu/97

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Dont, jeune, j’ai porté la règle salutaire,
Et, m’avançant à l’ouest par un sentier connu,
Au pays des vallons pensif je suis venu.

Déjà, non loin du bourg, j’entrais dans cette lande
Qui jette vers le soir une odeur de lavande,
Quand, d’un étroit chemin tout bordé de halliers,
Près de moi descendit un troupeau d’écoliers ;
Leur maître les suivait quelques pas en arrière,
De son air souriant récitant le bréviaire ;
Lui seul me reconnut ; cependant à mon nom
Je vis dans tous les yeux briller comme un rayon ;
Nous causâmes : au bout de cette promenade,
J’étais pour les plus grands un ancien camarade.

Mes amis d’autrefois, aujourd’hui dispersés,
Et comme moi peut-être en bien des lieux froissés,
Revenez comme moi vers cette maison sainte !
Notre jeunesse encor revit dans son enceinte.
Toujours même innocence et même piété,
Et dans l’emploi du temps même variété.
Le soir, comme autrefois, le plus jeune vicaire
Sur un auteur latin au curé fait la guerre ;
D’un vers de l’Enéide on discute le sens ;
César, surtout, César qui dans ses bras puissants
Etreignit l’Armorique, et, frissonnant et blême,
Dans les bras d’un Gaulois fut emporté lui-même,
Sur les crins d’un coursier traîné hors du combat,
Et ne dut son salut qu’au mépris du soldat.

Cependant la nuit tombe. Enfants et domestiques,
Quelques voisins, amis des pieuses pratiques,