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LA THÉORIE PLATONICIENNE DE LA PARTICIPATION

et dissemblable à lui-même et l’un par rapport à l’autre ; il est en mouvement et en repos, en un mot il possède tous les contraires.

Pour la cinquième et la septième hypothèse, l’interprétation que nous proposons ici paraît être en défaut. Comment dire, en effet, que le raisonnement de Platon implique la participation entre l’un et l’être, puisque l’hypothèse est précisément que l’un n’est pas. Mais on a vu que Platon distingue ces deux cas, et il suffit d’examiner attentivement ses raisonnements pour s’apercevoir que l’objection n’est que spécieuse et que Platon revient par un détour au même point de vue que dans la seconde et la troisième hypothèse. Voici, en effet, le résumé de la cinquième hypothèse (160, B ; 163, C) : L’un n’est pas et il s’agit de savoir ce qui en résulte pour lui-même. En disant que l’un n’est pas, on sait ce que l’on dit : c’est de l’un qu’on affirme la non-existence, et non pas d’une autre Idée telle que la ressemblance ou la grandeur. La formule est le contraire de celle-ci : le non-un n’existe pas. Par suite, l’un est l’objet de quelque science ; de plus, on peut l’appeler ceci ou cela, car c’est la non-existence de l’un et non d’aucune autre chose que l’on affirme. Ainsi, tout en n’existant pas, l’un a plusieurs propriétés différentielles et participe à plusieurs idées : il est semblable et dissemblable, égal et inégal, grand et petit ; dès lors il participe en quelque manière à l’être lui-même. Car si ce qu’on dit en disant que l’un n’est pas est vrai, il participe en cela à l’être ; il a l’être de son non-être. Nous voilà donc revenus, par un détour, à la participation de l’un à l’être, et cette participation entraîne ses effets habituels : l’un qui n’est pas est mobile et en repos, en un mot il participe à tous les contraires. Il faut seulement ajouter qu’il s’agit ici, puisque l’un n’est pas réellement, d’une apparence d’existence : il paraît être, il paraît présenter tous les contraires. C’est le domaine de l’opinion et du devenir. Nous avons ici la dialectique, non plus de la réalité, mais de l’apparence.

Dans la septième hypothèse (164, B ; 165, E), il s’agit de savoir ce qui arrive aux autres choses si l’un n’est pas. Les autres choses sont autres, non par rapport à l’unité puisqu’elle n’existe pas, mais par rapport à elles-mêmes, et puis-