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TROISIÈME PARTIE

L’empire fondé par le crime et le guet-apens devait nécessairement suivre sa tradition.

Voici ce qui était arrivé. M. Ulrich de Fonvielle et Victor Noir, devant être témoins de Rochefort, se présentèrent chez le prince ; Pierre Bonaparte parut, M. de Fonvielle et Victor Noir tenaient leur chapeau à la main.

— Vous venez de la part de Rochefort ! dit brusquement le prince Pierre.

— Non, nous venons de la part de Paschal Grousset.

Pierre Bonaparte parut surpris, on lui tendait la lettre, il la prit, fit quelques pas vers la fenêtre et il la lut, il revint du côté de Victor Noir :

— J’ai provoqué M. Rochefort, parce qu’il est le porte-drapeau de la crapule. Quant à M. Grousset, je n’ai rien à lui répondre. Est-ce que vous êtes solidaires de ces charognes ?

— Nous sommes solidaires de nos amis, répondit Victor Noir.

Aussitôt une scène épouvantable se produisit : le prince Bonaparte s’avançait subitement d’un pas, et sans aucune provocation, donna de la main gauche un soufflet à Victor Noir, en même temps de la main droite, il tira de sa poche un revolver à 10 coups et fit feu à bout portant sur Victor Noir, lequel put sortir de la maison et s’affaissa inanimé à la porte de sortie.

Ulrich de Fonvielle, le reçut dans ses bras.

Cette nouvelle m’avait excitée ; je regrettais de ne pouvoir sortir pour savoir ce qui se passait, mais étant malade, je ne pouvais que lire les journaux, c’est ce que j’avais fait.