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TROISIÈME PARTIE

ligotté, et mis dans un fiacre, conduit rue de Jérusalem.

Le peuple approuva la conduite de Mégy.

Il avait choisi comme défenseur un jeune avocat nommé Protot, lequel fut arrêté rue de Prague, 6. Le commissaire de police Clément, tira un coup de pistolet en l’air, le bruit de l’arme attira l’attention du concierge, lequel ferma la porte cochère. Protot ne pouvant fuir, fut arrêté, baillonné et poussé dans un fiacre, conduit aussi à la préfecture de police.

Delescluse, rédacteur du Réveil, proclama que Mégy avait combattu et s’était sacrifié pour la liberté individuelle. L’approbation d’un tel homme suffisait !

Pour cet article, Delescluse fut accusé de complicité morale, et fut condamné à 13 mois de prison.

Au milieu de tous ces troubles, ma vie intérieure suivait son cours ordinaire, je m’occupais de mon cher petit garçon (lequel eut le malheur de naître dans une époque bien tourmentée).

Dans la maison où nous habitions, il arriva un malheur assez grand. (Le récit que je fais ici est nécessaire, et correspondra aux évènements futurs.)

Un soir nous vîmes une fumée très épaisse, sortir d’un appartement voisin, le locataire était absent, et la propriétaire de l’immeuble n’étant pas à Paris en ce moment, nous ne savions que faire, mon mari fit prévenir la police, voyant qu’elle ne se hâtait pas d’arriver, il résolut de donner une violente secousse, la porte céda, le courant d’air fit aussitôt briller la flamme, (c’était un incendie.) Enfin, la police et les pompiers arrivèrent, et le feu fut circonscrit ; l’immeuble ne fut