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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

Dans l’après-midi de ce beau jour, le peuple dans son transport de joie, alla ouvrir les portes des prisons, dès que la République fut proclamée. Tous les détenus étaient libres ; un grand nombre voulurent porter en triomphe Henri Rochefort jusqu’à l’Hôtel de Ville. Le peuple lui savait beaucoup de gré de la campagne, qu’il avait menée contre la famille impériale.

Le 5 septembre beaucoup de proscrits rentrèrent en France. Victor Hugo fut du nombre ; lorsqu’il fut reconnu à la gare, il fut accueilli avec un transport incomparable, il eut une véritable ovation, le peuple voulait dételer les chevaux de sa voiture et le porter en triomphe.

Dès le lendemain, paraît-il, il se fit inscrire comme garde national dans son quartier, et son fusil sur l’épaule, il alla aux remparts.

Le lendemain la proclamation suivante fut publiée et affichée sur les murs de la ville de Paris :

« Au peuple allemand et à la démocratie allemande.

Socialistes !

Tu ne fais la guerre qu’à l’empereur, et point à la nation française a dit et répété ton gouvernement.

L’homme qui a déchaîné cette lutte fratricide, qui n’a pas su mourir et que tu tiens entre tes mains, n’existe plus pour nous. La France républicaine t’invite au nom de la justice à retirer tes armées, sinon il nous faudra combattre jusqu’au dernier homme, et verser à flots ton sang et le nôtre.

Par la voix de 30 000 000 d’êtres, animés du même