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SOUVENIRS D’UNE MORTE VIVANTE

briquet, mais le capitaine, M. du Q. se fâcha, expliquant que le feu de la cigarette était un point lumineux qui pourrait attirer l’attention des sentinelles prussiennes et nous exposer au feu redoutable de nos ennemis. Soudain on entendit une grande rumeur, peu après nous apprîmes par un éclaireur que 100 000 Prussiens, Bavarois et Saxons, accourus de Versailles, venaient pour renforcer leur armée.

Nos canons faisaient rage, nos jeunes troupes étaient irrésistibles et forcèrent encore une fois l’ennemi à reculer ; nos soldats, l’arme au pied, baïonnettes aux fusils, étaient impatients, ils voulaient marcher en avant. Quelques instants plus tard le général Trochu passa dans nos rangs, nous félicita de notre bonne tenue, puis se dirigea du côté des avant-postes. Nous étions toujours dans l’attente d’un mouvement d’action.

Tout à coup nous reçûmes l’ordre de mettre l’arme au bras et de faire volte-face ; tout le monde était étonné, déçu.

Nous remîmes dans la voiture du docteur toutes les choses nécessaires pour les pansements, on me fit monter dans la voiture, et piteusement nous reprîmes le chemin de Paris ; nous étions consternés.

Voici ce qui était arrivé : les eaux de la Marne étaient montées à un niveau assez élevé, et surtout le général Ducrot avait oublié les ponts volants qui devaient servir pour traverser la Marne.

Le général Ducrot remit l’attaque au lendemain ; dans des cas pareils, le lendemain il est toujours trop