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CHAPITRE XIX


Le 28 janvier je reçus un petit billet venant d’Orléans ainsi conçu. « Votre mari prisonnier, mais en sûreté, venez.

Chevrier, rue de Bourgogne. »

Je ne me souviens pas si ce billet me parvint par pigeon. Dès que je le reçus, je m’en fus chez le commandant G. et lui demandai conseil. Il m’engagea de partir pour Orléans.

Le 31 janvier et le 1er février les trains commençaient à circuler, il me fit obtenir deux laissez-passer, dont un en blanc pour que mon mari puisse revenir avec moi, cas échéant.

De Paris à Orléans le trajet était alors de quatre heures. Je me suis décidée à partir, mais il y avait encore bien des difficultés, d’abord les voies ferrées étaient entre les mains des Prussiens, et il fallait faire une course assez longue pour arriver à la station. Je partis à pied du côté de l’avenue d’Italie jusqu’à Choisy-le-Roi, où je devais prendre mon train pour Orléans.

Inutile de dire que la brusquerie des Allemands m’exaspérait. Gardant la gare, des soldats à l’air rébarbatif et insolent nous firent passer deux par deux devant une table, un espèce de bureau improvisé, nous faisaient des questions dans un français plus ou moins