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CINQUIÈME PARTIE

accusait l’Hôtel de Ville, de l’assassinat des deux généraux, quoiqu’il n’y fût pour rien.

La presse soudoyée rendait aussi le comité central responsable de l’affaire de la rue de la Paix. Elle était payée sans doute pour faire échouer les élections, et continua sa campagne diffamatoire, mais le coup a manqué !

Plus de 200 000 bulletins affirmèrent les pouvoirs de la Commune ; ils n’avaient pas usurpé les pouvoirs comme l’avaient dit les Thiers, J. Favre & Cie.

Le suffrage universel avait légalisé le drapeau rouge de l’émeute. Les membres de la municipalité parisienne allaient siéger pour la première fois depuis 1793.

Cette fois nous avions la Commune !

Toute la population donnait la bienvenue à la révolution. Après tant de défaites, de misères et de deuils, il y eut une détente, tous étaient joyeux. Toutes les maisons étaient ornées de drapeaux rouges et de drapeaux tricolores. Sur la place, devant l’Hôtel de Ville, canons, mitrailleuses couchés sur leurs affûts reluisaient au soleil. Au front des bataillons de marche, comme aux fenêtres, les drapeaux rouges flottaient et se mêlaient aux drapeaux tricolores.

Devant l’Hôtel de Ville, une estrade avait été dressée pour les membres de la Commune, au milieu de la foule endimanchée qui les acclamait, les bataillons défilaient, descendant musique en tête. Au premier rang, les élus des arrondissements, conduits à l’Hôtel de Ville par les électeurs fédérés.

Cette fête était magnifique, grandiose. Nous eûmes